Ce week-end, retour à Ailefroide avec Marie pour tenter la traversée des Pelvoux, apparemment l'une des plus belles courses des Alpes dans son niveau de difficulté. Course qui alterne couloir pour monter, randonnée glaciaire, course d'arête, rappels, haute altitude ... Bref, une course de haute montagne très complète!
On part d'Ailefroide pour monter passer la nuit au refuge du Pelvoux, puis le lendemain, on remonte le glacier de Sialouze pour accéder au glacier du Pelvoux par le couloir Coolidge. Du glacier, on monte à la Pointe Puiseux. De là, direction plein E vers le Glacier des Violettes, que l'on descend par sa rive gauche. Quelques rappels, puis on retraverse le glacier pour atteindre le Névé Pelissier, et attaquer la dernière partie de la descente : les Vires d'Ailefroide. Le programme est alléchant, mais c'est long, et il y a pas mal de manip à faire (rappels, changement d'encordement entre les parties raides et les parties glaciaires), et la descente est exposée Est : il faut y passer assez tôt pour pas avoir trop de neige ramollie.
Départ le samedi d'Ailefroide, on remonte le vallon du Sélé, puis on tourne au Nord pour grimper vers le refuge du Pelvoux.
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Vallon du Sélé |
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Vallon du Sélé |
Une fois au refuge, on pose les sacs, puis on remonte un peu plus haut pour repérer l'itinéraire du lendemain, qu'on prendra à la frontale vu le départ matinal...
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La montée jusqu'à la bosse de Sialouze |
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Le couloir du Glacier du Clot de l'Homme |
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En descendant la moraine de la Bosse de Sialouze. |
Après un excellent repas, on file au lit, le réveil est prévu à 2h50 pour un départ à 3h30 du refuge...
Le matin, il fait clair, pas chaud, le regel à l'air nickel! Et comme l'annonce le gardien : "Hier à cette heure, il faisait 9°C, aujourd'hui, il fait que 4°C, c'est bien, au lieu de brasser jusqu'à la taille, vous brasserez que jusqu'aux cuisses!", on va avoir de bonnes conditions!
On remonte rapidement la moraine, et on chausse les crampons vers 2900m d'altitude sur le Glacier du Sialouze.
Le regel est excellent, on arrive rapidement au pied du couloir Coolidge.
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Le large couloir Coolidge |
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Lever de soleil sur les Bans |
Une fois le couloir remonté, on prend pied sur le glacier du Pelvoux, et encore un dernier effort et on arrive vers 7h à la Pointe Puiseux (3943m), point culminant des Pelvoux.
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7h du matin à 3900m! |
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Marie face à la Pointe Durand |
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Bientôt le sommet! |
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Au sommet, avec la face Sud de la Barre des Ecrins. |
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Le Mont Blanc tout au fond, et la mer de nuages |
On ne traîne pas trop au sommet, il y a pas mal de vent, et il reste la plus grosse partie de la course : la descente.
On commence par passer sous la Point Durand, puis on rejoint la rive gauche du glacier des Violettes, qui est bien gavé de neige, on ne voit quasiment pas les crevasses.
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Les trois dents du Pelvoux (gauche) et le Petit Pelvoux (droite) |
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Barres de séracs du glacier des Violettes |
Un court passage raide, un verrou avec un peu de glace, et une pente de neige nous mène à une petite arête qu'il faut traverser.
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La zone raide |
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Le petit verrou |
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Ambiance sur l'arête! |
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La base du Glacier Blanc |
On a gardé les crampons aux pieds, pour pas perdre trop de temps en manips de matos. Au final, ça passe bien!
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La trace sur le replat du glacier des Violettes qu'on va devoir bientôt traverser |
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La courte arête |
Encore une courte zone de neige, puis on arrive aux rappels. On trouve un relais qui semble solide (3 pitons plus un béquet), du coup, on se dit que c'est celui là qu'il faut prendre pour atteindre le couloir.
Marie part en première, mais fractionne le rappel sur un autre relais (beaucoup moins bon que le précédent, juste un béquet) par peur de se retrouver en bout de corde sans avoir rejoint la pente de neige... On ne voyait pas trop où on allait, donc on a joué la sécurité, quitte à multiplier les rappels.
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Marie dans le rappel |
Au final, c'était pas une mauvaise décision, le fractionnement de la descente nous a permit de descendre plus bas dans le couloir lors du second rappel, et dégager plus vite pour laisser la place aux suivants, vu qu'il y avait pas mal de chutes de pierre dans le couloir.
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Une autre cordée dans le rappel, sur fond de glacier Blanc |
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Marie quasiment au bout des 50m de rappel |
Le second rappel est plus impressionnant : une partie en fil d'araignée (on ne touche plus la paroi avec les pieds), le relais qui avait l'air carrément moins bon que le précédent, le couloir raide en dessous... Une bonne dose d'adrénaline!
Une fois à la base du couloir, on se ré-encorde très long, on doit traverser le replat du glacier des Violettes, qui est pas mal crevassé, et la neige commence à ramollir...
Depuis quelques temps, on entend les séracs craquer au dessus de nous, il ne faut pas traîner. Et chaque bruit de chute nous fait lever la tête pour tenter de repérer d'où il vient.
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Faut pas traîner sous les séracs |
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Le couloir qu'on vient de descendre en rappel |
Le replat traversé, on s'arrête à l'abri pour manger une barre, puis on rattaque par un nouveau rappel pour prendre pied sur le Névé Pelissier.
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Marie dans le rappel |
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Brassage jusqu'aux cuisses qu'il avait dit le gardien... |
La pente n'est pas trop raide, même si on enfonce jusqu'aux genoux, on progresse sans trop de mal.
Un dernier verrou à passer en rappel, et la, par flemme de ressortir (pour la troisième fois) le second brin de 50m de corde du sac, on décide de tenter avec un seul brin de 50m... Raté, il faut faire un relais intermédiaire ^^
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Arrivée au relais intermédiaire |
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Fin du dernier rappel |
La, on est plus sur glacier, on love nos deux cordes et enlève les crampons, on sera plus à l'aise pour descendre. La neige est bien plus dense que plus haut, du coup, on peut même s'essayer au ski sur chaussures. Bon, il faut garder le piolet à la main, la pente est raide, et lors des inévitables chutes on prend très rapidement de la vitesse!
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La crête morainique et le village de Pelvoux au fond de la vallée. |
Une fois sortis du glacier, il est 12h, on se rue sur le casse dalle! Le petit déj' date de 3h00 du matin, et on a pas tellement mangé pendant la traversée... Au final, on a plutôt bien géré la course : 3h30 pour monter au sommet du refuge, et 5h pour aller du sommet à la fin de la neige. Les manips de cordes et autres passages techniques se sont très bien enchaînés, on a été plutôt efficace.
Mais la course n'est pas finie, il nous reste encore quasi 1500m à descendre avant de rejoindre Ailefroide. Au début sur un sentier très raide, puis une partie peu décrite sur le topo, les vires d'Ailefroide. Comme c'est peu couru, surtout en ce début de saison, le chemin est à moitié envahi de végétation, le suivre n'est pas simple. On se perdra même une fois, nous obligeant à remonter une petite centaine de mètres. Mais on était pas les seuls, pendant la remontée, on croisera un couple qui a fait la même erreur que nous ^^
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Descente dans la moraine |
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Sous le ravin des Planes, entrain de remonter |
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Le sentier |
Une fois sur les Vire d'Ailefroide, c'est une succession de pas de désescalade pas très difficiles, mais plutôt exposées, il faut pas tomber!
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Les vires d'Ailefroide |
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Les vires d'Ailefroide, et on voit le village en contrebas dans la vallée. |
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Quelques marmottes sur le trajet, pas farouches! |
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Un chamois intrigué |
On arrive finalement sur Ailefroide vers 15h30, après quelques 12h de crapahute. Je ne pensais pas qu'on allait mettre autant de temps pour descendre de la fin du Névé Pelissier jusqu'à Ailefroide.
Finalement, la réputation de course magnifique n'est pas usurpée, pour l'instant ma course préférée. Pas trop dure techniquement, mais qui demande une attention constante, et vraiment complète!
Le reste des photos :
Traversée du Pelvoux